Né à Essaouira en 1948, Paco, il grandit dans un milieu gnaoui. C’est au début des années 1970 que le public marocain connaît le mieux Paco, à l’époque où il rejoint les Jil Jilala puis Nass El Ghiwane. Il est initié par de grands maalems et devient lui-même maâlem en 1964. Artiste incontesté dans le milieu gnaoui, Paco soulève le groupe Nass El Ghiwane, en introduisant avec brio le rythme gnaoua dans leur musique. La particularité de cette structure musicale est de réunir des instruments comme la darbouka, oud, bendir, guembri, banjo, snitra et d’assimiler les rythmes berbères et arabes. Ils sont particulièrement influencés par la musique de transe des gnawas qui vise à expulser les démons et purifier l’organisme grâce à de longs et hypnotiques motifs rythmiques et un chant incantatoire.
Avec son look débridé et ses habits atypiques, Abderrahmane Kirouche, de son vrai nom, a donné une dimension gnaouie au groupe mythique Nass El Ghiwane quand il l’intégra dans les années 70, années de toutes les folies, de toutes les extravagances, mais surtout de tous les engagements. Celui qui a baigné, toute son enfance, dans l’atmosphère d’Essaouira et respiré son air chargé d’art et de créativité a su imprimer son cachet à la ligne éditoriale du groupe, sans jamais en altérer l’essence. Aussi, des tubes qui font désormais partie du répertoire immortel du groupe légendaire sentent-ils le souffle du maître gnaoui. «Ghir khoudouni», «Lebtana», «Mahmouma», «Nerjak Ana» ou encore l’incontournable «Sinia» sont imprégnés de ses rythmes et de son âme. Paco a, en effet, su apporter la touche qui manquait à Nass El Ghiwane qui avait le mérite de puiser dans différents genres du patrimoine musical du Maroc (melhoun, aïta…). Avec son «guembri», il donnait aux mots un nouveau sens. Son interprétation singulière et sa voix se chargeaient d’emporter ses spectateurs dans l’univers de cet artiste hors du commun. Ses chansons étaient, en fait, une invitation à la transe.
Paco lui-même ne tardait pas à se retrouver dans cet état (hal) qui alliait exaltation, allégresse puis extase. Et c’est là que l’on comprenait que la musique et lui ne faisaient qu’un. Une union sacrée qui conférait à sa démarche un caractère soufi et mystique. Une fusion que seule la mort a réussi à dissoudre. Il était un vrai artiste en consacrant sa vie entière à la musique, en laissant une trace indélébile dans le répertoire du patrimoine musical populaire Marocain. R.I.P.

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